La salle était en liesse, happée par l’univers foisonnant de Marcos Morau et de sa compagnie La Veronal. Il faut dire que les danseurs sont extraordinaires : une précision chirurgicale, une énergie qui traverse chaque geste, capables de créer des images d’une intensité saisissante, parfois presque insoutenables. Les costumes, somptueux, participent à cette richesse visuelle, et la mise en scène impressionne par son inventivité et sa force plastique.
Et pourtant, je me suis sentie un peu à contre-courant de cet enthousiasme général. J’ai trouvé le spectacle trop chargé. Le chorégraphe convoque tout à la fois le chant, le théâtre, la narration éclatée et des tableaux visuels d’une grande densité. Mais à force de multiplier les registres, quelque chose se dilue. J’ai eu le sentiment que la danse, pourtant d’une grande force, était reléguée au milieu de ce trop-plein.
Le contraste était d’autant plus frappant que, la veille, Friends of Forsythe m’avait séduite par sa simplicité et son dépouillement. Là où Forsythe laissait la danse respirer et exister dans sa pureté, Morau cherche à tout dire, tout montrer, au risque de saturer.
Il y a de la beauté, de la puissance, des fulgurances. Mais aussi une forme de trop-plein qui m’a tenue à distance, là où j’aurais aimé être emportée plus directement par le mouvement. Une proposition ambitieuse, qui a conquis la salle, mais qui, pour moi, laisse un goût d’inachevé.
Peut-être étais-je simplement en décalage ce soir-là… mais je garde malgré tout l’admiration intacte pour les interprètes, dont la virtuosité m’a profondément marquée.
© Marcos Morau / La Veronal
La Mort i La Primavera
Ph. Andrea Avezzù
Courtesy La Biennale di Venezia